Dans son Plan Climat, Longueuil s’est donnée comme but de réduire les GES de 48% d’ici 2030 sur son territoire. Selon Environnement nature Boucherville, la liste d’objectifs que dresse la Ville ne suffiront pas pour y arriver.

Depuis 2022, la Ville de Longueuil fait partie de l’initiative Course des villes vers zéro qui vise à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C d’ici 2100. Son objectif de réduire ses émissions de GES de 48 % d’ici 2030 par rapport à 2019 découle de cet engagement.

Une telle cible équivaut à une réduction annuelle de 552 715 tonnes d’équivalent CO2.

Pour y arriver, la Ville a identifié plus de 40 objectifs touchant diverses sphères d’activité. Pour chacun d’eux, elle donne notamment l’échéancier (2025-2027, 2727-2029, 2030+), ainsi que l’impact positif de la mesure (faible, moyen, élevé) .

Vice-président d’Environnement nature Boucherville, André Bastien estime qu’il est impossible d’atteindre cette cible sans réduire significativement les GES en transport et chauffage au gaz naturel.

Selon le Plan Climat, ces deux secteurs constituent plus de 99% des émissions de GES des activités de la Ville dans ses compétences locales.

Dans l’ensemble de la collectivité, le transport demeure la principale source (59%) de GES, suivi du secteur industriel (15%).

«Tous les objectifs qui ont un impact positif élevé sur la réduction des GES dans le transport et le chauffage des édifices sont reportés à «Long terme » soit en 2030 et plus, reproche M. Bastien.  Les autres objectifs à plus court terme sont du genre études, planification, information, etc.»

Dans les objectifs à impacts élevés prévus pour 2030 et au-delà en transport , on compte entre autres  «réduire la part de l’auto solo de 35% et transfert modal vers le transport en commun et actif» et «faciliter l’atteinte d’un niveau d’électrification de 40% pour les automobiles à Longueuil».

Lorsque l’on se penche uniquement sur les activités de la Ville touchant le transport et les bâtiments, les objectifs à grand impacts sont aussi prévus à long terme.

À cet égard, la Ville entend réduire de 65 % la consommation de gaz naturel fossile dans les bâtiments municipaux, électrifier 30 % des véhicules légers du parc automobile et convertir 100 % de la flotte de camions à diesel au biodiesel (B20) en été.

Elle veut aussi réduire graduellement pour 100 % des sous-traitants l’utilisation du diesel.

Selon M. Bastien, la Ville «ne détient pas tous les leviers» pour agir sur la collectivité et ainsi atteindre la cible de réduction.

«Les meilleurs leviers pour l’électrification des véhicules et la réduction du gaz naturel des bâtiments sont les subventions des gouvernements et de Hydro-Québec», estime-t-il.

Sur le biodiesel, M. Bastien précise qu’il ne contient que 20% de diesel d’origine biologique. Convertir la flotte de camions à ce type de carburant n’aura pas, croit-il, d’impact élevé sur la réduction de GES.

Horizon à long terme justifié

La Ville précise que l’objectif de réduction de 48% vise l’ensemble des GES émis sur son territoire, tant ceux de l’administration municipale que de la collectivité.

«La réussite de cette ambitieuse cible dépend aussi de l’implication, de la mobilisation et de l’engagement des parties prenantes du territoire», reconnait-elle, en nommant les citoyens, les commerces, les industries, les institutions, les organismes et les gouvernements.

À la lumière des données du Plan Climat, elle soutient que les émissions liées à la flotte de véhicules municipaux (dans les compétences locales et d’agglomération) représentent environ 1% de la cible de 2030.

«La conversion de la flotte municipale représente des coûts importants, entre autres en infrastructures pour la recharge et l’entretien spécifiques à ces véhicules, pour des économies de GES somme toute peu élevées considérant l’ensemble des émissions [émises sur le territoire]», détaille-t-elle.

Voilà pourquoi elle juge préférable de «respecter le rythme habituel de remplacement des véhicules municipaux», pour réduire les effets environnementaux liés à un renouvellement qui ne tiendrait pas compte de leur durée de vie normale.

«C’est la raison pour laquelle les objectifs de cette cible sont visés à long terme», justifie-t-elle.

Concernant les bâtiments municipaux, la Ville indique que tout projet nouveau ou projet de rénovation inclut déjà des «actions concrètes visant à la réduction des émissions GES et à l’amélioration de la résilience face aux répercussions du changement climatique».

Selon la Ville, l’horizon à long terme s’explique par les investissements élevés que ces projets nécessitent et les subventions qui peuvent être obtenues pour les réaliser.

 

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